Entreprises et territoires : des liens à renouveler face aux enjeux de réindustrialisation
Dans un monde en constante évolution marqué par le changement climatique, des incertitudes géopolitiques et une reconfiguration des chaînes de valeur, les entreprises doivent réintégrer le rapport au territoire au cœur de leurs stratégies de développement.
En effet, cela a un impact significatif à tous les niveaux dans l’entreprise, affectant ses modèles économiques, sa logistique, ses achats, la transition énergétique, le recrutement, l’attractivité et son image, notamment dans un contexte où ses impacts environnementaux et sociétaux sont de plus en plus observés et génèrent des attentes fortes de la société. Ainsi dans un contexte de réindustrialisation et de relocalisation des activités, une consolidation des rapports entre entreprises et territoires devient incontournable.
Un futur marqué par des enjeux territoriaux
Le premier est un enjeu d’accès aux ressources : tout d’abord humaines avec les difficultés de recrutement et le vieillissement de la population, puis foncières avec la politique Zéro Artificialisation Nette et la crise du logement qui compliquent les recrutements et l'implantation de nouvelles activités. Viennent ensuite les ressources naturelles, notamment face au risque de stress hydrique et de conflit d’usage à venir sur l’eau, qui a empêché l’implantation d’un site industriel en Bretagne, ou encore déclenché des manifestations en juillet dernier contre l’agrandissement d’une usine, où les manifestants militaient pour une gestion démocratique des décisions sur les priorités d’usages de l’eau, décidée dans un souci d’intérêt une réelle prise général.
L’acceptabilité des activités industrielles est ainsi un enjeu à prendre en compte. En effet, selon une étude de la BPI1, certains domaines industriels comme l’automobile, les transports, la métallurgie et la sidérurgie apparaissent comme les moins acceptables après ceux de la santé, de l’électronique, de l’énergie, de la mode ou encore de l’agroalimentaire. De récents évènements, comme le sabotage de l’Usine Tesla en Allemagne, montrent que certaines entreprises ne sont plus acceptées sur leur territoire d’implantation. En découle un enjeu d’utilité sociale de plus en plus important ces dernières années qui devient un argument d’attractivité et de fidélisation.
1 Etude BPI Le Lab, Comment gagner la bataille de la réindustrialisation ? Mai 2024, p.24
Emergence de la Responsabilité Territoriale des Entreprises (RTE)
Une réponse à ces enjeux peut se trouver dans le concept de Responsabilité Territoriale des Entreprises (RTE), une notion émergente qui se distingue de la Responsabilité Sociale d'Entreprise (RSE) en se focalisant sur l'ancrage territorial des entreprises et leur contribution au développement de leur écosystème local. Elle implique l’adoption d’une approche plus collective et collaborative pour répondre aux enjeux du territoire d'implantation. L’objectif est de dépasser la vision du territoire comme lieu d’implantation ou espace de ressources et d’aller plus loin en le considérant à la fois comme un client, un fournisseur et un espace de création de projets entre l’entreprise et son écosystème local étendu à l’ensemble de la société.
En mesurant les impacts et en les améliorant, une stratégie RTE peut alors être perçue comme un levier stratégique permettant de se différencier par l’engagement envers la communauté locale, le renforcement de la réputation et la confiance des parties prenantes. Cela permet également une meilleure maitrise des risques liés à ses activités sur le territoire et l’identification d’opportunités de croissance et d’innovation.
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